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suivre ce blog administration connexion + créer mon blog le blog de scripta-manent 1 2 3 4 5 6 7 8 > >> 3 janvier 2014 5 03 / 01 / janvier / 2014 07:51 histoire de la propagande - rome 3 3. la propagande sous le principat (1). il convient de faire à ce sujet quelques remarques générales. cette propagande n'a lieu vraiment que sous le principat et au début de l'empire (jusque vers 100 apr. j.-c.) . par la suite, elle n'est plus vraiment une force, il n'y a plus d'initiative, ce qui avait été une invention au début devient un rituel. on retrouvera cependant une certaine vigueur de propagande avec constantin puis avec julien. à ce moment c'est le phénomène religieux qui sera à la fois l'occasion et le moyen de la propagande, mais ce sera une réàpparition de brève durée. la propagande a pour but l'unification de l'empire et sa cohésion. elle ne cherche plus à obtenir une majorité, à emporter une décision, mais à provoquer une adhésion. elle se différencie considérablement de la propagande de la fin de la république dans ses moyens, elle est plus idéologique et agit moins par le fait. enfin cette propagande est unitaire et centralisée c'est une propagande officielle, liée à la création d'un empire que l'on proclame universel, et d'un etat centralisé. toutefois, la propagande électorale au sens républicain subsiste, dans le sein des cités, pour l'élection des magistrats (ainsi l'on connaît les affiches électorales de pompéi), mais ceci n'a plus qu'un caractère local. en dehors du problème du culte de l'empereur, on peut relever trois formes principales de la propagande impériale : le mythe, l'information, les méthodes démagogiques. le mythe . - c'est à cette époque que se confirme, se répand et prend substance le mythe de rome. il se forge déjà au 1er siècle av. j.-c., mais c'est au siècle suivant qu'il se répand. son origine est difficile à saisir, on le trouve chez les écrivains (virgile, horace qui cherchent à utiliser les légendes pour trouver une justification au principat ou à prêcher un épicurisme non politique), chez des historiens (tite-live qui, sans écrire une histoire inexacte, la construit) . on le trouve auparavant chez certains personnages qui se sont fait un type du romain et veulent l'incarner (caton l'ancien, scipion l'africain), et dans l'utilisation déj à soulignée du titre de citoyen comme récompense. le contenu du mythe est celui de l'origine divine de rome de son caractère invincible (à l'égard des vaincus, rome offre justement ce mythe justificateur : s'ils ont été vaincus, ce n'est pas qu'ils aient démérité, c'est que rome était invincible), de son caractère démocratique et de sa passion de la liberté rome est toujours libératrice, elle est destructrice des tyrannies, elle a pour but de rendre les peuples responsables d'eux-mêmes, et auguste a aboli les dictatures. enfin c'est le mythe du vieux romain vertueux, sobre, courageux, dévoué au bien public, désintéressé, ayant le culte de la patrie. en tout cela nous sommes vraiment en présence d'un mythe : c'est une image populaire, crue, reçue, à partir d'un fait réel servant de fondement (la puissance de rome), construit pour servir de justification et de modèle d'action. il est important de noter que c'est justement à l'époque où les vertus romaines et la liberté disparaissent, que le mythe se répand. l'entreprise d'auguste (par l'intermédiaire de mécène), pour faire entrer les meilleurs écrivains dans sa propagande réussit, et à côté des plus grands comme virgile qui vante l'apaisement social et le redressement économique grâce à auguste, il faut citer les plus zélés, rabirius par exemple. mais le problème le plus intéressant est celui de l'histoire (2) : celle-ci est conçue comme exemplaire, et par conséquent contient une large part d'interprétation, et peut s’expliquer par le fait qu’à ce moment se développait contre rome une double philosophie de l'histoire celle de l'évolutionnisme d'après laquelle rome entrait, avec la fin de la république, dans la phase de la vieillesse (donc du déclin) et celle des cycles, d'après laquelle les empires se succèdent les uns aux autres nécessairement : l'empire de rome succédait à l'empire de macédoine. mais après elle ? pour répondre, il fallait mobiliser des historiens affirmant d'une part que auguste n'avait fait que restaurer la république, qu'il n'y avait aucune innovation, d'autre part que l'empire de rome était différent de tous les autres parce que universel. cette propagande semble avoir été efficace. toutefois les libelles et les satires contre « le tyran » circulaient. il y avait beaucoup de diffamation contre auguste. celui-ci mena longtemps le combat au niveau de la propagande idéologique. mais dans ses dernières années, il fit poursuivre et condamner les auteurs de libelles (les orateurs titus labienus et cassius severus). cette attitude répressive s'explique en partie par la crainte de laisser ruiner son œuvre alors qu'il vieillit, en partie parce que ses grands propagandistes intellectuels sont morts (tite-live) et ne sont pas remplacés. mais à côté de la création de l'image grandiose de rome et du romain, l'empire va utiliser (sans doute pour la première fois), l'information comme moyen de propagande. on développe au moment du principat un système probablement inventé par césar, celui des acta diurna . le gouvernement fait rédiger des affiches contenant des éléments très divers d'information (réceptions, échos de tous ordres) mais surtout des nouvelles politiques, des résumés de lois, de discours, des travaux du sénat. ces placards sont installés aux carrefours, sous les portiques, dans les lieux publics de rome, ils sont distribués dans les armées et les principales administrations. ils peuvent, parfois être lus publiquement et aussi envoyés par la poste impériale dans les principales villes de l'empire. ce système d'information fut très sérieux sous auguste, mais bien entendu, sous une objectivité réelle, résidait l'intention de propagande : faire participer le peuple par la connaissance, et le faire adhérer, par l'accession à la liberté d'être informé. sous les empereurs suivants, le caractère changera, on tombera dans une propagande vulgaire, de l'ordre de la flatterie, de la louange envers l'empereur, sans base sérieuse d'information. en dehors de ces méthodes essentiellement psychologiques, on retrouve des moyens d'action démagogique que l'on a résumés dans la formule panem et circenses . il est difficile ici d'évaluer la part de la démagogie et celle de la nécessité : la population de rome augmente, or c'est un privilège d'abord des citoyens de profiter de certaines distributions gratuites. mais le système s'aggrave et les citoyens vivant à rome, en viennent à ne plus travailler. certains vivent des distributions de leur patron puis les pouvoirs publics sont obligés de procéder à des distributions gratuites de pain, d'huile, parfois de vin. de plus cette population inoccupée, il est indispensable de la distraire pour éviter les rassemblements oisifs pouvant toujours tourner en émeute. ce sont alors les fêtes offertes par l'empereur. certaines années il y eut jusqu'à 175 jours de fête dans l'année. à ce moment on offre non seulement des jeux, des spectacles mais aussi on distribue du vin, des cadeaux et même des « bons-surprise ». or, il y a très rapidement une sorte de surenchère qui se produit : chaque empereur e st tenu de faire mieux que son prédécesseur. l'inauguration du colisée fut l'occasion d'une fête continue de 100 jours sous titus. mais le renouvellement et l'innovation étaient évidemment difficiles ! c'étaient de vraies entreprises de popularité, mais aussi de diversion : il fallait satisfaire le peuple par là, pour l'empêcher de réagir en face du problème politique et militaire. d'autre part à l'occasion des fêtes, l'empereur entretenait un contact avec le peuple, il se faisait connaître, et en même temps il pouvait ressentir le niveau de sa popularité. (1) picard, auguste et néron, le secret de l'